Remarquez bien, que dans le titre du texte, j’ai mis le qualificatif CRIMINEL entre des guillemets. Je ne veux point ici parler du CRIME proprement dit, avec tout ce qu’il charrie comme contenu sur le plan juridique, mais d’un acte non moins avilissant perpétré par des agents de la PNH au Cap-Haïtien entraînant à quelques nuances près la « Mort Sociale » d’un groupe de jeunes (mineurs et non-mineurs) surpris en train d’exercer certaines pratiques répréhensibles.
Dans le cadre de ce texte, je ne veux non plus défendre les agissements de ces jeunes ou du moins juger ce qu’ils faisaient (si c’était une bonne chose ou pas) mais je veux de préférence défendre leur droit d’exister socialement en tant qu’humains face aux dérives de l’institution policière et d’une société hypocrite se croyant capable de s’ériger en juge en toutes circonstances.
Ke sila kipa janm peche yo voye premye kout wòch la !
En effet, comme beaucoup peuvent le constater à travers les réseaux sociaux, la Police Nationale d’Haïti a procédé à l’arrestation d’un groupe de jeunes écoliers (sept 7 sur la photo), pour la plupart des mineurs, dans une maison privée au Cap-Haïtien se livrant à des activités de débauches (sex, lesbianisme, orgie) et même de consommation d’alcool et de drogue selon des rumeurs.
Dans le fond, légalement, cette arrestation ne peut être reprochée en rien car il est du devoir de la Police en tant qu’auxiliaire de la justice d’intervenir à chaque fois qu’il y a dérive au sein de la société. Cependant, sur le plan de la forme, c’est là que le bât blesse car elle a été exécutée de la pire manière en étant en nette négation aux Droits et à la dignité de la personne humaine.
Les policiers ayant procédé à cette arrestation ont commis la malheureuse imprudence d’exposer au grand public ces jeunes filles et garçons sans se soucier des conséquences néfastes que cela peut avoir sur la vie et l’avenir de ces derniers.
Dans les images prises et publiées sur les réseaux sociaux par des passants en quête de « ZIN », c’est avec le cœur endolori que nous pouvons constater le déchirement, le visage abattu de ces jeunes qui se sont livrés en toute naïveté, en toute frivolité voire sur influence à de telles pratiques. Pire, on les a embarqués comme de vulgaires criminels à l’arrière d’un Pick-up, les gars avec les torses nus, sous les regards curieux et désolants de certains. Que c’est triste et avilissant!
Cette arrestation, loin d’être une réprimande, une correction ou une sanction afin de stopper l’hémorragie, elle a été de préférence le théâtre d’une humiliation sans précédent pour ces jeunes. C’est comme s’ils n’ont pas droit à une deuxième chance.
Il a fallu tracer un exemple en « les tuant socialement ». Voilà la réflexion qui sous-tend l’ignoble et ignorante manière de procéder de ces messieurs-policiers. Que c’est honteux!
La Police en voulant freiner des dérives créent des dérives voire pires que celles qu’ils combattent.
Lapolis, lèw fèl konsa fòk ou te sipoze poze tèt ou yon ansanm kesyon :
Eske timoun sa ap ka ale lekòl demen ? Komanl pral gade kanmarad li? Eskew’ pa sal imaj fanmil? Eske si se te pitit ou se konsa ou tap tretel ? Eske pou yon erè timoun lan fè nan frivolitel sa vle di kew sipoze avili l’, touye l’ sosyalman pou sa ? Eske poutèt sa, li sipoze pase tout rès lavil pa ka gade moun nan je ? Eskew pa voyel touye tèt li tou lè konsa paske sosyete a rejtel ? Eske se pa yon danje sosyal ou kreye pou deranje sosyete a plis toujou lè konsa paske tout mou nap mal gadel tout kote li rive?...
Dans une société qui n’offre pratiquement rien en terme d’opportunité et ne donne pas de chance et de place, ces pauvres jeunes ont dû faire face à la plus grande peine : la réprobation sociale sans avoir eu le droit d’être entendu bien avant par les autorités compétentes. Une négation du droit de ces jeunes à continuer d’exister socialement. Une blessure psychologique qui les poursuivra toute leur vie.
Les erreurs commises par un jeune, notamment un mineur, ne doivent point faire objet d’humiliation et d’avilissement pour ce jeune/mineur. D’ailleurs, on ne peut nullement traiter et juger un mineur de la même façon qu’on traite et juge les adultes. Telle est la raison pour laquelle que les législations nationale et internationale ont prévu un régime juridique spécial pour enfant. Même les images des adultes doivent être protégées voire celles des enfants.
Ainsi, j’invite la société toute entière à ne pas agir dans le sens de la réflexion de ces messieurs-policiers. J’encourage tout le monde à soutenir ces jeunes notamment ces mineur-e-s aux visages frivoles et innocents. Car, leurs agissements sont les conséquences d’une société où les valeurs s’effritent, où la notion de famille ne veut plus rien dire, où les parents sont démissionnaires, où la situation socio-économique de la population ouvre la voie à toutes sortes de dérives.
Le combat contre la délinquance juvénile ne peut se faire sur fond de rejet social et de lynchage médiatique. Il fait appel de préférence à notre bon sens, à notre humanité !
Texte de: Bota Wany P. JOSEPH
Jeune-Sénateur de la République/Nord
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