Le calvaire du Directeur général de la Police nationale d'Haïti, M. Michel- Ange Gédéon, après une semaine de répit, est à nouveau relancé. Les grands manitous du pouvoir "Tèt kale Bannann" continuent de frapper à visière levée. Après le coup raté de l'Arcahaie , ils persistent et signent avec leurs vielles manœuvres. Le week-end dernier, c’est l’intrusion inexpliquée d’un homme armé d’un Galil qui aurait franchi toutes les barrières de sécurité du Palais National pour se retrouver au bureau même du Président, qui a défrayé la chronique pour justifier la sortie des fonds publics nécessaires a répondre a la phobie sécuritaire du locataire des lieux. Une tentative maladroite de justifier la récente requête de cents millions de gourdes( 100 000 000 ) adressée au Ministère de l’Economie et des Finances par le Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Territoriales.
Cette fois-ci c'est le président du CSPN lui-même, Docteur Jack Guy Lafontant, citoyen américain de son état, devenu Premier ministre en dehors des lois et de la Constitution du pays qui prend l’initiative. Au cours d’une rencontre, le week-end écoulé avec le DG, il l’aurait insulté et menacé de le faire destituer par sa majorité au Sénat s’il n’obtempère pas a ses instructions de renvoyer certains membres du Haut Etat Major de la PNH et notamment le Directeur de la Direction Centrale de la Police Judiciaire, le Commissaire divisionnaire Normil Rameau issu de la troisième promotion de la PNH .
De sources généralement bien informées, MrLafontant serait en train de céder aux pressions des complices de Mr Philippe au Sénat de la République et au Gouvernement. Le Commissaire Rameau est connu pour sa compétence, sa rectitude et son inflexibilité quand il s’agit de traquer les criminels. Il est de ce fait détenteur des informations et des dossiers de tous ceux du Gouvernement et du parlement impliqués dans le trafic de la drogue. La révocation du Commissaire Rameau devient de plus en plus urgente avec la signature par Monsieur Philippe ce lundi du document reconnaissant son implication directe et sa culpabilité dans ce trafic. Cette nouvelle donne risque d’éclabousser bon nombre de ses complices et supporteurs au gouvernement, au parlement et au niveau du secteur des affaires.
Plusieurs des Sénateursinitiateurs de la résolution, condamnant son arrestation et extradition et exigeant des excuses publiques du Directeur de la DCPJ et du Directeur Général de la PNH, sont déjà dans le collimateur de la DEA quant à leur éventuelle implication dans ce trafic. Le PrésidentJovenel Moise, faisant déjà l’objet d’une inculpation pour blanchiment d’argent, est dans ses petits souliers. Les pressions exercées sur Gédéon, par ce dernier, pour révoquer ou muter les responsables des postes stratégiques de la PNH, participent d’un besoin urgent de faire disparaitre certains dossiers compromettants pour lui et pour ses proches au Parlement.
Comment Jack Guy Lafontant, un évadé fiscal, car n'ayant jamais eu à payer ses impôts, un devoir citoyen exigé par la Constitution, un citoyen américain de surcroit, peut-il se permettre de menacer de révocation, le responsable de la seule force de sécurité du pays, agent de l'ordre républicain, pour couvrir et protéger des criminels notoires. Bien plus, Mr Gédéon est détenteur d'un mandat légitime de trois ans. Aucune provision constitutionnelle n’autorise le Sénat à révoquer son mandat et le Gouvernement à le démettre de ses fonctions.
Plus d'uns se demandent perplexes si Haïti est, comme le voient certains détracteurs, un Etat paria avec l’administration Moise /Lafontant. La nomination, par cette administration, de Monsieur Jeantel Joseph, au poste de Secrétaire d’Etat a la sécurité publique, est une insulte à la Police Nationale d’Haïti. Le farouche défenseur de Guy Philipe, qui a admis sa culpabilitédans le blanchiment d’argent provenant du trafic illicite de la drogue, est devenu le supérieur hiérarchique de ceux chargés de réprimer ce crime. Quel paradoxe. Monsieur Joseph ne s’était pas contenté, dans ses prises de positions publiques, de proclamer, haut et fort, l’innocence de Guy Philippe mais va jusqu'à proférer des menaces contre les citoyens américains. Il faut se rappeler que le cas de Monsieur Philippe n’est un secret pour personne. Monsieur Moise, en pavoisant avec lui a Jérémie pendant sa campagne électorale, a agi en connaissance de cause. Il a déjoué, pendant près de douze ans, toutes les initiatives de la PNH et de la DEA pour l’appréhender. Qui ne le savait pas?
Dans quel pays vit-on? Comment comprendre qu’un individu qui exerce une profession aussi noble, comme Médecin, peut-il arriver à ce niveau de caniveaux ?
Les rebondissements dans l'affaire Guy Philippe donnent froid au dos des responsables du Palais. L'ancien chef rebelle, qui a plaidé coupable d’une accusation qui peut lui valoir 20 années de réclusioncriminelle, va absolument citer des noms de certaines personnalités qui lui seraient de mèche, en échanged’une réduction de sa durée de détention. A bon entendeur Salut. Le peuple n’est pas dupe.
Edwin FLORVILUS
Spécialiste en Relations internationales
E-mail :edwinflorvilus32@gmail.com
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